80 personnes sont rassemblées là au milieu du DNA. Leurs yeux avides sont dirigés vers l'écran géant dressé pour l'occasion. Je ressens chacune de leur expirations oppressantes. Mes potes les plus proches et mon frangin ont fait le déplacement. Ils sont là, prêts à participer à cette humiliation collective. Sales vautours ! Je me suis planqué à l'étage, accroché à mon MacBook. Lui même est relié à un projecteur, prêts à diffuser la vidéo dont je viens de terminer le rendu il y a à peine une heure. Mon slip récolte la sueur qui coule le long de mon dos. Mon doigt caresse inlassablement la barre d'espace. Après une longue inspiration, j'enfonce énergiquement la touche : Alea jacta est. La vidéo démarre, je retiens mon souffle. Je suis omnibulé par tous ces petits détails que je n'aurai pas eu le temps d'améliorer. Ils m'apparaissent tel un coup de poing dans l'oeil. Après  5 minutes d'apnée cognitive, l'écran redevient noir, mon coeur s'arrête. C'est le moment, c'est l'instant : le verdict. Et avant même que je n'ai le temps d'expirer... applaudissements. Je redescends. Au sens propre comme au sens figuré. On me dit des mots. Je les entends à peine, mais je comprends qu'il sont positifs. Je commande une bière. Je respire, c'est fini. On a réussi.

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